(Reprise d'un ancien essai qui a fait partie du livre « Le Chemin de la Rose »)
Au cœur du Rosaire est une courte prière en forme de Mantra qui, si nous nous abandonnons à la facilité et au confort de ses syllabes familières, rétablit notre lien vivifiant avec notre Mère et avec la Terre. La simplicité de cette prière est si époustouflante que, dans un premier temps, l'esprit n'arrive pas à l'assimiler. Mais peu importe. L'Ave Maria fonctionne comme la gravité. Il nous fait sortir de notre tête et nous ramène à notre corps. Il nous permet de garder les pieds sur terre.
À cet égard, le Rosaire se distingue de la plupart des autres Voies spirituelles. L'Ave Maria ne sert pas à cultiver un état d'esprit transcendant ou exalté. Sa direction n'est pas vers le haut, mais vers le bas. Nous trouvons la Paix et la Beauté, un sentiment d'appartenance et d'Éternité, ici même, dans le monde où nous vivons maintenant. Le message essentiel de cette prière est que nous n'allons nulle part... et que nous n'avons pas besoin d'aller ailleurs.
La première moitié de l'Ave Maria est tirée de la Bible. Dans l'Évangile de Luc, l'Ange Gabriel salue Marie en disant : « Salut, Pleine de Grâce, le Seigneur est avec toi », et lui annonce qu'elle concevra un enfant sans l'aide d'un homme. Remplie de cette puissante connaissance, Marie se rend immédiatement sur les collines de Judée où, selon l'Ange, sa cousine Élisabeth est enceinte de six mois, bien qu'elle soit très âgée. Au son de la voix de Marie, l'enfant bondit dans le ventre d'Élisabeth, et la femme âgée proclame : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ».
C'est la version de l'Ave Maria que tout le monde connaissait jusqu'à la fin du Moyen Âge. Elle exaltait la Sainte Vierge, mais ne disait rien de la personne qui récitait la prière. La seconde moitié de l'Ave Maria a été ajoutée au fur et à mesure que les gens exploraient leur relation avec la Grande Mère dans son incarnation chrétienne et trouvaient un moyen de retrouver la Plénitude de son Étreinte. « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort ». La prière incluait désormais l'orateur, et le Mantra tel que nous le connaissons aujourd'hui était complet.
Mais ce n'est pas tout. Car dans les mots de l'Ave Maria se cache une Présence ancienne appelée la « Triple Déesse » - une Trinité féminine composée d'une Jeune Fille, d'une Mère et d'une Femme Âgée. La Jeune Fille est la « Vierge » Marie lorsque l'Ange arrive pour dire : « Je vous salue Marie, pleine de Grâce, le Seigneur est avec vous ». La Mère est incarnée par les mots : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». La Crone est son Aspect de Reine des morts : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort ».
Le rythme du Mantra « Je vous salue Marie » s'articule naturellement autour de ces trois parties, avec une légère pause entre chacune d'elles. Cette Trinité féminine, qui couvre à la fois le puissant Cycle de Vie de chaque femme et incarne toute l'étendue du Pouvoir de la Déesse, est inscrite dans l'Ave Maria aussi sûrement que si sa triple image y était gravée dans la pierre.
Chaque Ave Maria suit le cours d'une vie humaine, de l'obscurité intérieure de l'utérus à l'obscurité de la tombe... après quoi, comme tous les Mantras, il recommence. En le répétant jour après jour, année après année, nous répétons le drame éternel du départ et de l'arrivée dans ce monde. Puis, progressivement, presque avant que nous le sachions, notre corps apprend ce que notre esprit ne peut pas saisir : il n'y a pas de moment où nous sommes séparés de notre Mère, il n'y a pas d'endroit où nous puissions aller sans être pris dans son Étreinte.
Clark Strand
Peinture de José Luis Castrillo (www.joseluiscastrillo.com)
☥ Christelle Gacon - Honorer le Féminin Sacré ☥
www.honorerlefemininsacre.com