La Grande Mère vit dans chaque femme. En tout lieu et à toute époque, la Grande Mère se manifeste sous la forme de chaque femme vivante.
« Mange-moi », murmure-t-elle dans les rêves de la femme. Et la femme jette les couvertures de son lit et marche pieds nus dans la nuit éclairée par la Lune. Elle a envie de quelque chose. Elle ressent une profonde agitation dans son ventre. Elle regarde la Lune et croit l'entendre lui parler.
« Tu es sacrée. Tu es le début et la fin de toute existence. Je suis toi et tu es moi. Garde sacrés les jours de tes saignements et je partagerai avec toi la Sagesse des Plantes, des Animaux et de la Terre elle-même. »
Peut-elle croire que c'est vrai ? Ose-t-elle croire à la vérité des mots qu'elle semble entendre ? Toute sa vie, on lui a dit qu'elle n'était pas assez belle, pas assez intelligente, pas assez forte. Tout semble lui dire qu'elle est trop ronde, trop émotive, trop sensible. Et pas sacrée, en fait tout le contraire de sacrée. Tous les jours de sa vie, elle a entendu les histoires des merveilles de l'homme, du créateur. Elle l'a entendu si souvent que cela sonne comme une vérité : Dieu est un homme. Dieu est tout puissant, donc les hommes sont tout puissants (et les femmes sont faibles). Dieu est propre, donc les hommes sont propres (et les femmes sont sales). Dieu est pur, donc les hommes sont purs (et les femmes sont souillées). Dieu ne saigne jamais entre ses jambes et les hommes ne saignent jamais entre leurs jambes (le sang qui coule des femmes est donc une maladie, une malédiction, une punition). Comment peut-elle croire que son sang est sacré ? Comment peut-elle s'autoriser à ressentir du plaisir, à le qualifier de bon, de saint ? Comment peut-elle oser croire qu'elle est la Déesse ?
Oui, la Déesse ! La Déesse qui vit en chaque femme, en chaque lieu, en chaque temps. La Déesse qui murmure dans nos rêves. La Déesse qui sourit dans nos vies. La Déesse qui fait couler le sang dans nos ventres. La Déesse qui sait que chaque femme est sage, puissante et sacrée. La Déesse qui nous appelle : « Garde les jours de tes saignements sacrés. Rappelle-toi que ton sang est le Sang de la Vie, le Sang de la Paix. Nourris-moi de ton sang, de ton sang du Temps de Lune, oh ma Fille, ma Bien-Aimée. Nourris-moi, car j'ai faim et j'ai soif de toi.
Reviens à moi. Reviens à toi. Souviens-toi de toi-même. Souviens-toi de moi. Je suis la Grande Mère. Je suis la Déesse. Je suis la Femme Sage. Écoute mes paroles. Écoutez mon chant. Je suis en toi, je ne peux donc jamais me perdre. Mon histoire est ton histoire. Et c'est la véritable histoire de la Naissance, de la Vie et de la Mort. Mange-moi. Nourris-moi. Tu es une Femme et moi aussi. À travers moi, tu existes ; à travers toi, j'existe. Nous sommes Celles qui créent. Nous sommes Celles qui nourrissent. Nous sommes Celles qui ouvrent les Portes entre les Mondes. Nous sommes Celles qui doivent nous réclamer, nous retisser. »
Susun Weed (www.susunweed.com)
Illustration de Kendra Hiron (www.kendrahironsart.com)
☥ Christelle Gacon - Honorer le Féminin Sacré ☥
www.honorerlefemininsacre.com
