Le Couple archétypal Isis et Osiris : à l’origine du Féminin et du Masculin Sacrés
L’histoire d’Isis et d’Osiris, mythe universel et intemporel, est l’un des fondements de la mythologie égyptienne : Archétype de la tragédie amoureuse où l’Amour transcende la Mort, c’est un récit qui a inspiré la culture occidentale tout au long de son histoire.
Isis, Déesse Mère et Divinité Originelle adorée aux premiers âges de l’humanité, vit encore dans nos mémoires. Les hymnes gravés sur les murs des temples les plus isolés et les portraits d’une grâce si délicate peints sur les parois des sépulcres perdus au milieu des sables nous évoquent encore si intensément cette Déesse lointaine qu’un antique sortilège semble toujours vibrer en ces Lieux sacrés.
Par-delà les millénaires, Isis demeure la Reine généreuse qui aimait son peuple, la Protectrice des mères et des enfants, la Magicienne dont le Souffle ramena son Amant à la vie. Elle est, avec Osiris, Nephtys et Seth, membre d’une Fratrie Divine : son Père est Geb, la Terre, sa Mère est Nout, le Ciel et elle a été conçue dans le secret, au plus profond de la nuit.
Osiris et Isis « s’aimaient furieusement dans le ventre de leur mère », nous dit Plutarque, qui rapporta le mythe de la Déesse. Ils furent donc immédiatement unis par un Amour infini comme seuls les Dieux peuvent en éprouver...Ou simplement comme deux êtres humains peuvent se vouer l’un à l’autre. Le Couple mythique apportera à l’Égypte la civilisation et la Fertilité, et apprendra aux hommes à vivre en société et en paix dans la merveilleuse vallée du Nil. Osiris, Fils aîné de Nout, sera le premier à émerger du Ventre étoilé de la Déesse : il sera le Pharaon Originel, l’Archétype du Souverain, un être idéal paré de toutes les qualités.
Son Règne légendaire apportera Ordre, Lumière et Bonheur ; il constituera un véritable âge d’or pour le peuple égyptien. Mais pour les êtres humains comme pour les Dieux, le Bonheur n’est jamais acquis. Ce Royaume idéal, Paradis des hommes, Terre d’élection du Couple Divin, fera naître l’envie dans l’esprit d’un Dieu malfaisant. Autour de cette vallée heureuse s’étend le plus grand désert du monde, le Royaume du Dieu Rouge, de Seth le stérile, Seigneur des tempêtes et du chaos. Rongé par la jalousie, le Dieu honni du peuple d’Égypte, Frère jumeau d’Osiris, ourdira un complot afin de le destituer et de s’emparer du trône du Pharaon. Pour mettre à exécution son projet, il réunira lors d’un banquet un clan de conjurés et, au milieu des convives, fera installer un somptueux sarcophage. Prétextant un jeu, il invitera chacun à s’y étendre. Osiris, naïf malgré ses Qualités Divines, s’y allongera comme les autres convives. Seth et ses conjurés, profitant de cet instant, refermeront le tombeau, le scelleront et le jetteront dans les flots du Nil. Le sarcophage flottera lentement jusqu’à la mer et dérivera jusqu’aux rivages de Biblos où, échoué sur le sable, il sera dissimulé par un tamaris, qui deviendra, après l’avoir recouvert de son écorce et de son bois, un arbre au port si majestueux et au parfum si suave qu’i sera repéré pour sa splendeur et coupé par les bûcherons du Roi de Biblos. Le Dieu tant aimé disparu, les Égyptiens se lamenteront et Isis pleurera son Époux : sa tristesse sera telle que ses larmes, intarissables, feront monter les eaux du Nil en une nuit et engendreront la première crue du fleuve. Cette nuit de l’inondation sera appelée « la Nuit du grand flot de larmes issu de la Grande Déesse » en souvenir du chagrin de la Déité.
L’astucieuse Isis ne cédera pas pour autant au désespoir et se mettre en quête du corps de son défunt Epoux. Elle commencera les recherches, et, pour cela, elle usera de la Margie et se transformera en oiseau. C’est sous la forme d’un milan, magnifique rapace aux longues ailes et à la silhouette élégante, qu’elle sillonnera le ciel d’Égypte et qu’elle finira par retrouver son Amant sous l’apparence d’un des piliers de bois soutenant le palais du Souverain de Biblos. Après de nombreuses péripéties, elle lui redonnera son corps, le ramènera en Égypte et le cachera dans les marais du delta du Nil, cet immense milieu liquide étant son royaume de prédilection. Symbole des Eaux de la Maternité abritant la Vie naissante, il évoque le liquide amniotique, pour les Égyptiens. Dans ce Domaine sacré, apanage du Féminin, Isis trouvera abri et sécurité pour elle et les hommes qu’elle aimera : son Époux Osiris, puis, plus tard, son Fils Horus. C’est là, entre les sept bras du Nil, qu’elle tentera de soustraire son Royal Époux aux foudres de l’Éternel Seth. Malgré la ruse et la Magie déployée par la courageuse Isis lors d’une chasse par une nuit de Pleine Lune, le Dieu fratricide trouvera l’abri secret. Il emportera avec lui le sarcophage, puis sortira le corps inerte d’Osiris du cercueil et le découpera en quatorze morceaux (la moitié d’une Cycle Lunaire) avant de les disperser à travers tout l’Égypte.
Malgré ce nouveau coup porté par le meurtrier de son Amant, la Déesse Reine ne désespérera pas et commencera alors une nouvelle quête, qui durera quatre-vingts longues années, pendant lesquelles elle et sa Sœur Nepthys reprendront, jour après jour, leur apparence d’oiseau et voleront en couple, parcourant inlassablement le Royaume à la recherche des fragments du Corps d’Osiris. Les deux Déesses, formant une véritable Entité féminine double, reconstitueront littéralement le Masculin en rassemblant les parties de cet homme démembré, disloqué. Pour le préserver et le faire renaître, aidées par la Magie de Thot et d’Anubis, elles l’envelopperont de bandelettes, faisant de son corps la première momie. Osiris deviendra alors le Dieu des morts, Souverain de l’Au-Delà. Désormais, tous les Égyptiens, hommes ou femmes, pourront prétendre devenir un Osiris et accéder à l’Immortalité grâce à son sacrifice.
La puissance de ce mythe antique résonne encore aujourd’hui dans nos esprits et démontre, de manière éclatante, la compréhension profonde que cette civilisation avait déjà eue de la polarité Féminin–Masculin Sacrés présente en chacun de nous, source d’Équilibre et d’Harmonie pour les individus et les sociétés qui en ont fait une valeur essentielle.
Camille Suldrun « Magie et Rituels de l’Egypte antique »
Photographie : Artiste inconnu(e)
☥ Christelle Gacon - Honorer le Féminin Sacré ☥
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