« Nous ne pouvons pas vivre dans un monde qui n'est pas le nôtre, dans un monde qui est interprété pour nous par d'autres. Un monde interprété n'est pas une maison. Une partie de la peur consiste à reprendre notre propre écoute, à utiliser notre propre voix, à voir notre propre Lumière. »
Hildegarde de Bingen était une Polymathe mystique et une femme rare qui répond à de nombreuses attentes de la part de toutes les femmes. Elle se considérait comme une femme simple, sans éducation, qui a passé la majeure partie de sa vie à lutter contre la maladie et qui a parfois dû être portée d'une pièce à l'autre tant elle était faible. Elle vivait également à une époque où les femmes n'étaient pas considérées à leur juste valeur, étaient rarement éduquées et n'étaient pas autorisées à enseigner de nouvelles doctrines, ni même à prendre la parole dans une église. La dépendance, la faiblesse et la marginalisation ne lui étaient pas étrangères. Elle savait intimement ce que c'était que de souffrir. Pourtant, au cours de sa vie, elle a fondé sa propre abbaye, créé sa propre langue et écrit l'une des premières pièces de théâtre musicales. Elle a écrit neuf livres, soixante-dix poèmes, soixante-douze chansons et une pièce de théâtre. Elle était Abbesse, Guérisseuse, Écrivaine, Musicienne, Visionnaire, Conseillère, Prédicatrice, Linguiste, Naturaliste, Poétesse et Conseillère de rois, d'évêques et de princes. Ses livres sont abondamment cités par les chercheurs et les théologiens, et sont toujours imprimés.
Et elle n'a commencé à écrire qu'à l'âge de 43 ans.
Elle était une véritable exception, croyant passionnément au Pouvoir de Guérison des Plantes et des Pierres précieuses. Elle avait régulièrement des visions et utilisait souvent la forme féminine « Sapienta Dei », qui se traduit approximativement par « Dieu la Mère ». Pourtant, lire son œuvre - ou simplement faire l'expérience de sa présence dans ses mots, son art, sa musique - c'est trouver une âme sœur, une femme faite de terre et de sel. Elle célébrait son propre esprit sauvage, marchant souvent dans la nature pendant des heures jusqu’à l’épuisement - et encourageant d'autres femmes à faire de même. Elle célébrait la sexualité, bien qu'elle ait vécu une vie de dévotion chaste, et l'aspect sensuel de la spiritualité à une époque où la chair était considérée comme un mal et une abomination - en particulier pour les femmes.
Elle n'était pas une femme confiante, malgré les nombreux succès qu'elle a remportés au cours de sa propre vie, et elle s'est accrochée avec ténacité à sa Foi pour accomplir tout ce qu'elle a fait en dépit des circonstances, de son état de santé ou même simplement de ce qu'elle ressentait, et cette Foi l'a rendue inarrêtable. Elle représente ce que c'est que de traverser les Ténèbres, même lorsqu'elles semblent vouloir vous engloutir tout entière, et de s'accrocher farouchement à la moindre lueur de Lumière. C'est pour cela que je l'ai créée et que je garde son image près de moi.
Elle me rappelle que les épreuves et les défis sont plus que des mots, et peuvent même sembler insurmontables - mais que nous sommes appelés à approfondir notre Foi et à aller jusqu'au bout, quels que soient les obstacles, quels que soient nos sentiments. Elle souligne que les vrais ennemis sont nos doutes, nos hésitations et notre procrastination, et que chaque échec apparent est une Leçon. L'essentiel est de se montrer et d'agir.
Avec elle, je me pose la question suivante : est-ce que je fais tout ce que je peux pour être utile en ce moment ? Le centre de mon être est-il enraciné dans l'Amour ?
Je l'ai représentée plus âgée, dans sa tenue d'Abbesse, les cheveux libres et flottants représentant sa nature sauvage et sensuelle, communiant avec le Bien-Aimé et puisant sa force dans la Foi en dépit de ses sentiments. Elle est entourée d'Aides spirituelles, sous la forme d'oiseaux, de fleurs et d'autres éléments qui ne sont pas immédiatement visibles à l'œil nu. Elle tient un miroir qui reflète mes propres hésitations ou frustrations du moment et me rappelle qui je suis vraiment. Et elle est illuminée d'une Lumière céleste et dorée qui me rappelle que je ne suis jamais seule.
Malgré mes doutes. Malgré mes articulations douloureuses ou mon brouillard mental, ma vanité, ma mauvaise humeur ou mon sentiment d'être engloutie par la morosité ou l'obscurité de l'époque.
« Il suffit d'être et de faire », murmure-t-elle doucement à travers les âges.
« Tu te suffis à toi-même.
Tu es aimée.
Sois et fais. »
Texte et illustration de Lisbeth Cheever-Gessaman (www.shewhoisart.com)
☥ Christelle Gacon - Honorer le Féminin Sacré ☥
www.honorerlefemininsacre.com
